Alors que nous amorcions la rédaction de notre dernière lettre trimestrielle, au début d’avril 2025, voici quelques titres qui faisaient la une :
« Les marchés plongent après que le président Trump a dévoilé une série de droits de douane le “jour de la libération” »
« Le Dow Jones chute de 4 000 points en deux jours, le S&P 500 amorce une correction dans un contexte d’inquiétudes liées aux droits de douane »
« L’indice de volatilité (VIX) de Wall Street atteint son plus haut niveau depuis le krach lié à la COVID-19 »
« Les marchés mondiaux dévissent : les indices asiatiques et européens en baisse dans un contexte d’inquiétudes liées à la guerre commerciale »
« Les craintes de stagflation s’intensifient alors que les droits de douane menacent la croissance économique et alimentent l’inflation »
« Les géants de la technologie font les frais : Nvidia, Tesla et Apple inscrivent des baisses importantes »
« Le prix du pétrole chute sur fond d’inquiétudes quant à la demande mondiale »
« Le risque de récession plane : les experts mettent en garde contre un ralentissement économique alors que les droits de douane entrent en vigueur »
Qui aurait cru que nous avions aussi à l’époque atteint le creux de la forte correction provoquée par les « droits de douane de M. Trump »? Depuis lors, le marché américain s’est redressé de 24,50 %, le marché canadien a grimpé de 19,33 % et le marché européen a progressé de 14,78 % au deuxième trimestre clos le 30 juin 2025.
Après cette embellie, voici quelques titres tirés des mêmes sources…
« Le S&P 500 se rapproche de son sommet historique, achevant ainsi son incroyable remontée après la chute d’avril »
« Le Dow Jones s’envole alors que l’administration Trump accorde une pause de 90 jours pour ses principaux droits de douane »
« Signe d’un optimisme prudent, la confiance des consommateurs s’améliore après avoir atteint un creux en avril »
« Les géants de la technologie mènent la charge : Nvidia, Microsoft et Apple propulsent le marché »
« Le rapport sur l’emploi nourrit les espoirs d’un atterrissage en douceur, le chômage reste faible »
« La Réserve fédérale prône la patience quant aux taux d’intérêt, apaisant la nervosité des investisseurs »
« Le VIX recule : la volatilité des marchés s’atténue à mesure que les craintes liées à la guerre commerciale s’estompent »
« Les titres mondiaux emboîtent le pas : les marchés européens et asiatiques regagnent du terrain »
« Les perspectives de bénéfices pour le deuxième trimestre s’améliorent grâce au sursis accordé sur les droits de douane, les analystes revoient leurs prévisions à la hausse »
Une autre réaction réflexe ici, peut-être…?
Il est toutefois fort intéressant de noter que l’état émotif des investisseurs varie considérablement en fonction de la fréquence à laquelle ils observent les marchés. Les deux graphiques suivants illustrent la même période d’activité boursière, du 31 décembre 2024 au 30 juin 2025, et sur la même échelle. La seule différence réside dans la périodicité : le premier graphique représente les clôtures quotidiennes et le second, les clôtures trimestrielles.

Vous me direz lequel engendre le plus de peur, de sueur froide et de palpitations. Quels que soient vos sentiments, il s’agit essentiellement de la douleur émotive causée par la volatilité…
Nous préférons nous en tenir à notre principe de longue date selon lequel les forces économiques sont TOUJOURS plus fortes et plus persistantes que les forces politiques. Aux dernières nouvelles, l’économie américaine se porte raisonnablement bien, tout comme l’économie mondiale. La morale de cette histoire? Il est toujours préférable de se concentrer sur la valorisation et de rechercher de bonnes entreprises dans lesquelles investir.
Il existe bien d’autres raisons de faire abstraction de la nature réactive à court terme des participants au marché. En voici quelques-unes :
- Aussi fou et cruel que cela puisse vous sembler, saviez-vous que depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023, la bourse israélienne a enregistré une hausse spectaculaire de 57 %? Telle est la nature contre-intuitive des marchés boursiers.
- Depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, le nombre officiel de décès liés à la pandémie dans le monde dépasse les 7 000 000. Les États-Unis à eux seuls comptent plus de 1,2 million de décès. Pourtant, le marché boursier américain a progressé de 141 %. Est-ce ce à quoi vous vous attendiez?
- Depuis la fondation de Claret en 1996, la liste des événements troublants que nous avons traversés est longue et épuisante, à commencer par l’effondrement de la monnaie thaïlandaise, le défaut de paiement de la Russie, la débâcle du fonds spéculatif Long-Term Capital Management qui a menacé le système financier mondial, la grippe H1N1, le bogue de l’an 2000, la bulle technologique, les attentats du 11 septembre 2001, la guerre en Afghanistan, les récessions, la guerre en Irak, le SRAS, la crise des prêts hypothécaires à risque – les « subprimes » – de 2008, l’effondrement du marché immobilier, la crise financière mondiale, l’effondrement des prix du pétrole, le virus Ebola, l’invasion de la Crimée, le Brexit, les procédures de destitution du président Trump, la guerre commerciale avec la Chine, la COVID-19, l’invasion de l’Ukraine… et plus encore…
Nous avons peut-être omis quelques événements, n’empêche que cela reste une liste renversante de problèmes. Malgré tous les « problèmes » qui ont touché le monde entier, un portefeuille combiné composé à 50 % de l’indice S&P/TSX (représentant le Canada) et à 50 % du S&P 500 (représentant les États-Unis) a enregistré une hausse totale de plus de 1 230 % au cours de ces 29 mêmes années (dividendes compris), soit un taux de rendement annuel composé de 9,3 %.
Aussi tentant que cela puisse être d’essayer de tirer profit des événements mondiaux pour entrer sur le marché et en sortir, il est pratiquement impossible de synchroniser le marché et des événements. Il est donc assez difficile d’améliorer une stratégie d’achat et de conservation qui a fait ses preuves.
Lorsque nous nous projetons sur ces mêmes 29 années à venir, nous ne pouvons bien évidemment pas promettre des rendements d’une ampleur semblable. Compte tenu du niveau extrêmement bas des taux d’intérêt, il est peu probable que le marché puisse réaliser les mêmes performances, même si nous sommes persuadés que les actions, sur une période aussi longue, continueront à suivre leur tendance historique et à afficher une performance supérieure à celle des obligations d’État et des liquidités.
Également dans l’actualité…
À propos de l’accessibilité au logement pour les jeunes
Lorsque l’on analyse l’offre et la demande de logements, il est évident que le principal problème se trouve du côté de l’offre. Peut-être que tous les paliers gouvernementaux devraient analyser les principales raisons pour lesquelles les promoteurs et les entrepreneurs ne construisent pas suffisamment de maisons et de logements multifamiliaux, mais continuent plutôt à construire des copropriétés. Pourrait-on trouver une solution en assouplissant la réglementation pour certains types de constructions? Et en offrant des avantages fiscaux pour construire davantage les deux premiers types de logements et moins le dernier?
En ce qui concerne les acheteurs ici au Canada, peut-être devrions-nous rendre les intérêts des emprunts hypothécaires d’acheteurs d’une première propriété déductibles du revenu, et ajouter un éventuel impôt sur les gains en capital réalisés à la vente de leur première propriété…
À propos de la frénésie d’embauche dans le secteur de l’IA (intelligence artificielle)
Nous sommes quelque peu inquiets quant à l’ampleur des salaires versés par les grandes entreprises de technologie pour recruter des « talents ». Cela nous rappelle en quelque sorte la bulle Internet, lorsque des sommes indécentes ont été dépensées pour tout ce qui touchait à Internet – un gigantesque gaspillage de l’argent des actionnaires. Nous ne devons pas perdre de vue le fait que l’acquisition de ces talents pour des sommes astronomiques peut aussi simplement refléter une occasion d’entraver les progrès d’un concurrent dans le domaine de l’IA et de le faire avant qu’un autre concurrent ne puisse s’emparer de la « coqueluche » de l’IA, maintenant hors du marché.
Or le jeu en vaut peut-être la chandelle, dans l’ensemble, comme Internet a transformé notre façon d’évoluer dans l’économie numérique. Cependant, seules quelques jeunes pousses de l’époque ont réussi à se hisser au sommet. La plupart des premiers investisseurs ont perdu de l’argent, soit en investissant dans les mauvaises entreprises, soit en retirant leur mise trop tôt. Comme le disait Charlie Munger : « Ce n’est pas censé être facile. Quiconque trouve cela facile est stupide ».
Un bel été à tous!