Nous avons l’habitude de profiter de cette lettre trimestrielle pour répondre aux questions que certains d’entre vous ont soulevées et que nous trouvons intéressantes puisqu’elles concernent des sujets d’actualité. D’ailleurs, cela nous amène à vous partager nos perspectives sur les marchés financiers en général.
Au revoir bitcoin, bonjour cannabis
Lors de nos rencontres clients, il y a un an, de nombreuses interrogations et curiosités avaient été évoquées à propos du bitcoin, de sa valeur et de la possibilité qu’il soit utilisé comme devise. Notre réponse dans notre dernière lettre de 2017 était claire : nous doutions fortement qu’une entreprise sérieuse accepte de se faire payer en bitcoins et nous soupçonnions que sa valeur méritait un retour à la réalité. Est-ce étonnant de voir que la bulle du bitcoin s’est dégonflée? Ce qui nous surprend c’est qu’elle fût aussitôt remplacée par une autre : celle du cannabis.
Qui sait dans quelle mesure les gens fumeront, boiront et mangeront des produits à base de cannabis, mais une chose est certaine, « l’exubérance irrationnelle » est bien en vie, pour citer la célèbre phrase de l’ancien président de la Fed, Alan Greenspan. À en juger par la capitalisation boursière de toutes les sociétés du secteur du cannabis inscrites en bourse, il nous semble que, tout comme dans le cas du bitcoin, l’histoire risque de tourner au vinaigre pour la plupart des investisseurs et spéculateurs qui y participent.
Néanmoins, nous citerons de nouveau John Maynard Keynes : « Les marchés peuvent rester irrationnels bien plus longtemps que les investisseurs peuvent rester solvables ». Ainsi, il incombe à chacun de se conduire en acheteur averti. À l’instar de Warren Buffett, « nous préférerions passer notre tour » et nous en tenir à nos sphères de compétences : lorsque les chiffres semblent insensés, nous ne nous y aventurons pas.
Le point sur le contexte des taux d’intérêt
Sans tambour ni trompette les taux d’intérêt à long terme ont commencé à augmenter il y a un bon moment déjà. En effet, si l’on prend pour référence l’obligation du Trésor américain de 10 ans, on peut constater une hausse très graduelle des taux à long terme, qui sont passés de près de zéro à plus de 3 %. Nous pensons que le niveau des taux d’intérêt à long terme est LE facteur le plus important touchant la valorisation des marchés boursiers et des actifs financiers à l’échelle mondiale. Au niveau actuel de 3,25 %, le marché obligataire se négocie à 31 fois son équivalent en bénéfices, contre 20 fois pour le marché boursier.
Divers éléments donnent à penser que l’inflation fait son retour plus tôt qu’escompté. En voici quelques exemples : Amazon vient tout juste de hausser son salaire minimum à 15 $ l’heure; le taux de chômage aux États-Unis, à 3,9 %, est à son plus bas niveau en 50 ans; il est devenu difficile de trouver de la maind’œuvre qualifiée, ou tout simplement qui que ce soit prêt à travailler.
Il ne sera donc pas étonnant de voir les taux d’intérêt progresser au cours des quelques prochaines années, ce qui soulèvera éventuellement des vents contraires pour les marchés des actions. Pour l’instant, l’économie semble tourner à plein régime et les bénéfices des sociétés restent solides. Nous suivrons toutefois de près les niveaux des taux d’intérêt.
Taux d’intérêt et immobilier
Les prix immobiliers explosent partout au Canada, faisant de Vancouver une des villes les plus chères au monde. Les gens tendent à oublier que même les prix des logements sont tributaires des niveaux de taux d’intérêt. En effet, les taux hypothécaires évoluent en parallèle avec les taux d’intérêt à long terme : lorsque ces derniers grimpent, ils entraînent les premiers dans leur foulée. Éventuellement, lorsque les emprunts hypothécaires seront renouvelés à un taux plus élevé, les versements hypothécaires deviendront un boulet pour certains propriétaires ou spéculateurs ayant contracté une hypothèque trop importante. Et c’est alors que nous trouverons plus de maisons et de copropriétés à vendre, ce qui exercera une pression à la baisse sur les prix. Pour ceux devant vendre, cela posera un problème. Il faut aussi se rappeler une chose : la crise financière de 2008-2009 a sérieusement ébranlé le marché immobilier américain et l’onde de choc n’a pas franchi la frontière. La douloureuse période d’ajustements ne s’est pas fait sentir au Canada.
Philosophie de placement et processus décisionnel
Au cours de nos présentations en mai, nous avons remarqué que les questions qui revenaient le plus souvent portaient sur notre philosophie et notre démarche de placement. Pour résumer simplement, notre philosophie consiste à acheter des sociétés « rentables ». En combinant celle-ci aux principes de placement et à une certaine compréhension du comportement humain, nous avons élaboré un processus décisionnel qui se fonde sur la patience, la discipline, la pensée rationnelle et la diversification.
- Nous définissons la rentabilité d’une société du point de vue des affaires et NON PAS nécessairement du point de vue comptable
- Les principes de placement comprennent :
- la diversification (il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier);
- l’asymétrie des rendements (le cours d’une action ne peut pas perdre plus de 100 % de sa valeur, mais peut gagner beaucoup plus, jusqu’à plusieurs fois votre placement);
- l’existence du mouvement sur les marchés est alimenté par le comportement humain;
- le concept du « retour à la moyenne »;
- le rééquilibrage des portefeuilles.
- Le comportement des investisseurs est souvent dicté par la peur et la cupidité, ce qui est toxique pour le rendement de leur portefeuille. La peur et la cupidité sont à la base de tous les exemples dont nous avons discuté au cours de notre présentation en mai… et bien d’autres encore. Malheureusement, savoir que ces émotions existent ne signifie pas que l’on puisse les éviter et s’en tirer. Notre solution de réussite consiste à suivre un processus rigoureux qui vous fera automatiquement prendre des décisions rationnelles et vous évitera ainsi de tomber dans le piège des comportements irrationnels.
Notre recherche continue nous a permis d’élaborer différentes approches de placement qui se complètent bien. Forts de nos constatations, nous avons créé divers fonds communs efficaces pour la gestion de vos portefeuilles.
Depuis le début de 2018, les marchés sont à la hausse. Les taux d’intérêt, qui étaient très bas, ont eux aussi progressé, quoiqu’à un rythme plus lent. Nous approchons maintenant des niveaux à partir desquels les marchés sont susceptibles de devenir plus volatils. Bien que la croissance économique se poursuive et que l’inflation n’a pas encore montré le bout de son nez, nous devons demeurer vigilants puisque des spéculations accrues (autour du bitcoin ou du cannabis par exemple) pourraient rendre les marchés encore plus vulnérables à une correction importante.
L’Équipe Claret