Les certificats de placement garanti (CPG) sont-ils un bon investissement?

L’étoile des certificats de placement garanti a beaucoup terni au cours des dernières années. Certains se plaisent même à la moquerie en les appelant les certificats de pauvreté garantie ! Alors, devriez-vous rejeter d’emblée cet outil de placement ou a-t-il une place dans vos épargnes ?

Dans cet article, nous expliquons le concept des certificats de placement garanti, leurs avantages, désavantages et leur utilité.

Qu’est-ce qu’un certificat de placement garanti (CPG)?

Le certificat de placement garanti est un produit d’investissement bancaire. C’est l’un des outils utilisés par les banques pour se financer afin de pouvoir prêter des fonds. Lorsque les clients d’une institution financière empruntent de l’argent pour acheter une maison ou lorsque les entreprises empruntent du capital pour financer leur fonds de roulement, ils retirent des liquidités de la banque. La banque doit donc compenser cette sortie de fonds par une entrée de fonds. Même pour les banques, l’argent ne pousse pas dans les arbres ! En simplifiant un peu les choses, les banques utilisent l’argent des déposants pour pouvoir la prêter aux clients qui se financent. Par ailleurs, tout comme les sommes déposées dans un compte bancaire, le CPG fournit aux banques des liquidités qui sont disposées à être prêtées aux emprunteurs. La banque tire généralement un profit en payant un intérêt moindre sur les CPG que ce qu’elle charge aux clients qui empruntent. Le CPG est tout simplement un placement qui vous paie un intérêt. Mis à part quelques exceptions, les CPG ne sont pas rachetables avant l’échéance. En d’autres mots, vos fonds sont gelés jusqu’à maturité. 

Comment les banques garantissent-elles un CPG ?

Maintenant que vous savez que la banque prête les sommes que vous investissez en CPG à des tiers, vous pourriez craindre pour la sécurité de vos fonds. N’ayez crainte, les certificats de placement garanti comme les dépôts bancaires sont protégés par la SADC, la Société d’assurance Dépôt du Canada. La SADC est une société d’État dont l’objectif est d’assurer la stabilité dans le système bancaire canadien. Toutes les banques à charte sont membres de la SADC et profitent donc de leur protection. C’est la garantie du CPG.

La Société d’assurance Dépôt du Canada offre une assurance qui couvre notamment les dépôts bancaires, les certificats de placement garanti et les comptes d’épargne jusqu’à concurrence de
100 000$. Au-delà de ce niveau, la garantie ne s’applique plus en cas de défaut d’une institution bancaire. 

Si vous investissez, disons 1 000 000 $ en CPG avec votre banque, une portion de votre investissement ne sera pas protégée par la SADC. En d’autres mots, même si le mot « garanti » est inscrit au prospectus et au nom du produit d’investissement c’est loin d’être le cas pour les gros montants… Si votre institution financière devait faire banqueroute et que vous y avez concentré une somme de 1 000 000 $ en CPG, vous êtes à risque de perdre une grosse partie de celle-ci. J’en conviens, le risque est faible ! Mais vous devez savoir qu’en plein cœur de la crise du papier commercial en 2008, certains analystes financiers croyaient l’événement de plus en plus probable. On a qu’à revoir la chute du prix des actions bancaires à cette époque. Quand on considère que la banque travaille avec un effet de levier très important, cela remet le risque en perspective. Il est faible, mais il est bien réel.

Il est cependant à noter qu’il existe plusieurs techniques pour multiplier la protection de la SADC en utilisant plusieurs chartes bancaires au sein d’une même banque ou en investissant dans différentes banques. D’ailleurs, chaque personne morale a droit à sa couverture. On peut donc avoir un REER, un CELI et un investissement imposable et avoir une protection de 100,000$ pour chaque compte dans plusieurs institutions financières.

Quelles banques sont protégées par la SADC?

Les 6 grandes banques canadiennes sont protégées par la SADC. Les banques de l’annexe 2 et de l’annexe 3, qui sont de plus petites banques ou des filiales canadiennes de banques internationales, le sont également. Au risque de se répéter, il est très important de noter que les montants excédentaires à la couverture maximale de 100 000$ par personne morale perdent la couverture de la garantie de la SADC.

Les CPG ou les obligations gouvernementales?

Si on compare les CPG aux obligations gouvernementales et municipales, qui sont également reconnues comme ayant un risque de crédit très faible, on note trois différences majeures. 

  1. Les obligations gouvernementales peuvent être vendues sur le marché secondaire avant l’échéance, contrairement au CPG. 
  2. Puisque l’on peut les transiger, les obligations doivent avoir un prix qui fluctue pour interagir avec les fluctuations des taux d’intérêt. 
  3. Il n’y a pas de limite de garantie sur les montants puisque c’est la cote de crédit de l’emprunteur qui fait foi de sécurité et non une police d’assurance comme celle de la SADC. En cas de problématique, les gouvernements peuvent augmenter les impôts pour payer leur dette ou avoir accès à plein d’autres tactiques pour accéder à de la liquidité.

Dans le cas d’obligations ou de débentures, le jeu des taux d’intérêt crée donc des fluctuations de prix qui sont normalement faibles, mais qui peuvent être importantes si vous avez des titres qui ont de très longues échéances. Par exemple, une obligation du Canada avec un coupon de 2% sera beaucoup moins alléchante qu’un autre titre de gouvernement canadien qui porte un coupon de 5%. Le prix sera donc l’élément qui permettra d’arrimer leur rendement à maturité. En obligations, même si deux titres ont un coupon différent, les rendements à maturité de ces derniers doivent être similaires s’ils possèdent les mêmes caractéristiques. En d’autres mots, en investissant dans une obligation ou débenture gouvernementale, le rendement n’est garanti qu’à l’échéance. Si vous devez transiger le titre entre-temps, le rendement que vous en tirerez peut différer. Dans le cas des certificats de placement garanti, puisqu’ils ne sont pas négociables ou transigibles, leur prix n’a pas besoin de fluctuer, ils sont toujours affichés à leur prix d’origine et ils ne sont que monnayables à la fin du terme.

Risques et coûts d’opportunité des CPG

Lorsqu’on doit négocier avec un investisseur émotif ou craintif, le CPG crée l’illusion d’un placement sans aucun risque puisqu’il est toujours au même niveau. Par ailleurs, le CPG n’est pas intrinsèquement sans risque. Si vous avez acheté un CPG à 0.5% l’an passé, votre risque aujourd’hui est le manque d’opportunité de réinvestir à des taux considérablement plus alléchants jusqu’à ce qu’il mature…

Est-ce que le CPG peut être un placement intéressant ? En économie, c’est le jeu de l’offre ou de la demande qui dicte les choses. Lors des années où les banques centrales ont écrasé volontairement les taux près de zéro, les banques pouvaient accéder à des fonds presque gratuitement auprès des banquiers centraux (la Banque du Canada) et ne voyaient donc pas le besoin de se tourner vers les épargnants pour accéder à du capital. Ils n’avaient donc pas intérêt à offrir un taux alléchant sur les CPG, d’où leur mauvaise presse. Aujourd’hui, en revanche, les autorités réglementaires ont restreint le robinet d’argent. Les banques doivent donc attirer un peu de capitaux des épargnants. Cela se fait en affichant des taux plus alléchants. 

Bien qu’investir 100% de toutes vos économies dans un CPG pour financer votre retraite peut être une recette pour échouer lamentablement à votre projet, il ne faut pas balayer le CPG du revers de la main. Le CPG comme les actions ordinaires, les actions privilégiées, les obligations gouvernementales ou corporatives est un outil de placement. Il peut être la solution à envisager si vous avez un décaissement précis avec une date précise à court ou moyen terme. Comme par exemple, mettre une mise de fonds sur une maison dans 36 mois. Il peut également faire partie de la portion sans risque de votre portefeuille si le jeu en vaut la chandelle. Si les banques offrent du 5% alors que les obligations gouvernementales sont à 4%, on peut décider d’y investir une portion de notre portefeuille. On peut construire des stratégies similaires à celles utilisées en obligations. On peut par exemple faire une échelle d’échéances ou cibles des échéances particulières pour essayer de profiter du contexte de marché des taux d’intérêt.

Dépendamment des conditions de marchés et de l’offre et de la demande, ce sont parfois les obligations municipales ou les autres titres à faible risque qui offrent un meilleur rendement aux épargnants et vice-versa. Sachant que ces titres peuvent se substituer, l’investisseur astucieux évaluera le rendement à maturité offert par les différents actifs pour choisir ce qui offre le meilleur taux. 

En résumé, les CPG ont eu mauvaise presse dans le passé, mais cet outil peut quand même avoir de l’intérêt tout dépendant de vos besoins financiers.

Auteur(e)

  • Vincent Fournier, M.Sc., CFA
    Vincent a commencé sa carrière en 1999 et est détenteur de la charte CFA depuis 2004. Il détient un baccalauréat en administration des affaires et une maîtrise en économie. Il est membre du conseil d’administration de l’association CFA Montréal depuis 2005 et y a occupé le poste de président en 2010-11. Vincent s’est joint à l’équipe Claret en 2002.

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