Comme le démontre le tableau ci-dessous, la plupart des marchés boursiers ont terminé le premier trimestre de l’année en territoire positif. Bien que l’histoire se soit terminée sur une note positive, le niveau des indices boursiers a eu parfois l’allure de montagnes russes.
Le resserrement des conditions monétaires en Chine par les autorités et la tenue du marché des prêts hypothécaires à risques ont sonné la charge à un marché boursier en dents de scie.
Le tableau suivant expose sommairement les performances des principaux indices pour le premier trimestre de l’année 2007.
Premier trimestre | ||
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Monnaie locale | Dollars canadiens | |
S&P/TSX (CAN) | +1.99% | +1.99% |
S&P 500 (U.S.) | +0.18% | -0.84% |
Nasdaq (U.S.) | +0.26% | -0.76% |
Europe (Euro) | +2.48% | +2.63% |
Nikkei (Japon) | +0.36% | +0.37% |
À la fin du mois de février, un commentaire des autorités chinoises en ce qui concerne la spéculation boursière a fait chuter le marché de Shanghai d’environ 10% en une journée. Les effets secondaires de ce choc ont été ressentis jusque dans les marchés boursiers d’ici. Bien que ce choc semble important de prime abord, une lecture du contexte aide à remettre les choses en perspectives.
L’économie chinoise a signé sa meilleure performance en douze ans. Cette forte croissance, qui se chiffre à plus de 10% du PIB, force les autorités monétaires chinoises à resserrer les conditions monétaires dans le pays afin d’empêcher la surchauffe. Pour bien comprendre l’environnement boursier chinois, il faut prendre en considération que le marché de Shanghai a augmenté de plus de 140% lors des 12 derniers mois. Après une telle poussée spéculative, il va de soit que les investisseurs soient sur les dents… Bien que le marché chinois ait repris tout le terrain perdu, nous préférons garder nos distances face à cette haute voltige. Quand vient le temps de la spéculation fiévreuse, nous préférons agir en spectateur que de commenter le bonheur, ou le malheur des autres.
L’économie mondiale semble tirée par un engin plein de carburant. En effet, les trois dernières années ont été les meilleures des trente dernières pour la croissance économique mondiale. La mondialisation est un acteur important à ce tableau et cause des maux de tête aux banques centrales qui tentent de contrôler la croissance économique dans le but de l’empêcher de surchauffer.
On dit de l’argent qu’il est le nerf de la guerre. On peut aussi ajouter que l’argent est le combustible du moteur économique. Pour tenter de contrôler la croissance économique aux États-Unis, la Fed limite l’accès à l’argent en augmentant les taux d’intérêts américains. Après 17 hausses du taux directeur de la Fed, les économistes s’attendent donc à entrevoir un ralentissement économique incessamment.
Deux facteurs liés à la mondialisation viennent cependant brouiller les cartes de la Fed. Premièrement, la mondialisation facilite l’accès aux capitaux étrangers. Les agents financiers peuvent donc emprunter de l’argent ailleurs qu’aux Etats- Unis. Deuxièmement, les Chinois et les Asiatiques, qui sont bourrés de dollars américains amenés par le commerce avec les Etats-Unis, doivent investir quelque part. Cela crée donc un phénomène que les économistes ont appelé « d’argent facile ».
Maintenant que nous savons que la globalisation des mouvements financiers a été le berceau d’une croissance effrénée, qu’en est-il pour le futur ; une croissance soutenue, un ralentissement en douceur ou une correction majeure ? Généralement, ce type d’environnement qui amène beaucoup de croissance facile se termine par un choc relativement violent. Nous n’avons cependant pas de boule de cristal pour prévoir l’arrivée de la prochaine correction. Notre flair nous indique cependant que certaines valeurs sont plus susceptibles de corriger rudement. Comme dans le cas de la bulle technologique, c’est généralement ce qui est monté en flèche et de façon déraisonnable qui risque d’être le plus durement touché.
Le pétrole semble avoir atteint un plafond l’été passé. Depuis, l’or noir semble vouloir osciller autour des 60$ depuis plusieurs mois. Tantôt en hausse à cause de tensions géopolitiques, tantôt en baisse à cause de la température clémente.
Comme le démontre ce graphique, la flambée du prix des matériaux au cours des derniers mois a propulsé le marché boursier canadien vers de hauts sommets. Est-ce que la tendance va se maintenir? Bien qu’il soit impossible de prédire l’avenir, nous voudrions souligner aux lecteurs que le secteur des ressources naturelles et des matériaux a gagné,au fil des années, le qualificatif de : cyclique. Même si le contexte de la mondialisation permet une croissance plus soutenue de l’économie, êtes-vous prêt à parier que, cette fois-ci, ce sera différent et que les cycliques perdront leur appellation ?
Toute cette mondialisation ne se fait pas sans casse. Demandez-le aux acteurs de l’industrie du textile nord-américaine. Cette grogne causée par l’exode rapide de certaines industries cause une remontée du protectionnisme. Par exemple, en Thaïlande, la flambée de la devise thaïlandaise a appauvri les exportateurs en un rien de temps. Les autorités thaïes ont répondu en flanquant une taxe aux investissements à court terme. Choqué par la nouvelle, le marché boursier thaïlandais a fondu de 15% sur le champ. Nous devons donc être vigilants puisque le protectionnisme est généralement ennemi de la croissance économique et que cela engendre de l’inflation.
Tout ne vas pas dans le marché du prêt hypothécaire à haut risque américain. Certes la situation du marché immobilier est moins rose qu’elle l’était mais y a-t-il lieu de parler de crise immobilière ? La hausse des taux d’intérêts aux États- Unis rend les paiements hypothécaires plus dispendieux ce qui amène un vent d’essoufflement sur le marché immobilier. Le temps nécessaire à la vente d’une maison augmente et le prix de ces dernières semble vouloir croître à un rythme plus raisonnable. Comme dans toutes les situations hors du commun, on retrouve toujours des pessimistes qui prévoient des scénarios catastrophiques, mais qu’en est-il vraiment ? Pour tenter de répondre à cette question, on peut comparer avec le « Savings and Loans Crisis » afin de mettre tout cela en perspective. Dans le cas du « Savings and Loans » de la fin des années 80, la crise a coûté quelques 150 milliards aux américains alors que leur PIB se chiffrait à 6 billions. Présentement, on évalue la somme des prêts douteux du marché immobilier à haut risque à environ 100 milliards et l’économie américaine a passé la barre des 13 billions. Il est toujours possible que cela contamine le reste de l’économie mais, présentement, le risque lié à ces prêts est très bien diversifié dans le système financier. En effet, la technique de la titrisation, qui consiste à amalgamer en lots les hypothèques souscrites et les vendre à de tierces parties, limite le risque de l’industrie financière. Ce sont ceux qui ont choisi d’investir dans les titres liés à des créances hypothécaires qui risquent d’encourir ce risque.
Les répercussions se font plutôt sentir au niveau du revenu net disponible des consommateurs qui ont plus de difficulté à puiser dans le capital de leur maison afin de financer leur besoin de consommation. Cela risque de peser sur la croissance économique. En conclusion, lors d’une note écrite le 27 mars 2007, la Fed indique clairement qu’elle est favorable à l’augmentation de la proportion de ménages propriétaires ce qui est favorable au marché de l’immobilier à long terme.
La négociation des devises s’est faite sans histoire en ce premier trimestre. Après avoir perdu beaucoup de terrain lors de la deuxième moitié de l’année 2006, le huard s’est stabilisé autour des 86 sous. Pour ce qui est de l’Euro, la devise s’est transigée autour des 1.33$US pendant le trimestre.
Nous aimerions revenir sur la discipline de la finance comportementale puisqu’il s’agit d’un sujet qui attire de plus en plus d’attention au niveau académique. Cette science consiste à étudier le comportement des individus lors d’une prise de décision financière. Auparavant, les économistes croyaient que les individus usaient de rationalité et de logique lors de la prise de décision, mais les études nous démontrent autrement…
Aujourd’hui, après avoir soumis des individus à des tests par appareils de résonance magnétique lors de la prise de décision en contexte de décisions économiques, les chercheurs ont prouvé que cette dernière est guidée par deux facteurs. Le premier facteur émane de la région du cerveau responsable des émotions et l’autre de la région très développée du cerveau responsable de la rationalisation des choix liés à l’amélioration de son sort économique.
Pour ce faire, des chercheurs ont soumis des sujets au jeu de l’Ultimatum afin de mieux comprendre le comportement de ces derniers face à une transaction. Vous pouvez essayer ce jeu avec 2 de vos enfants si vous le désirez. Dans ce jeu, on donne 10 billets de 1 dollar au joueur A et les deux joueurs doivent bien comprendre les règles du jeu. Le joueur A doit séparer la somme des billets reçus avec l’autre joueur comme bon lui semble et le joueur B a le choix d’accepter ou de rejeter l’offre de partage du joueur A. Si le joueur B accepte l’offre, les deux joueurs conservent la somme telle que A l’a entendue sinon personne ne conserve d’argent.
La théorie économique du mathématicien John Nash (sujet du film A Beautiful Mind) prédit que, si le joueur A joue logiquement, il donnera le minimum, soit un billet, au joueur B. Le joueur A devrait donc tenter de s’enrichir le plus possible tout en considérant que le joueur B doit tirer un avantage économique à accepter l’offre. Donc, en donnant 1$ au joueur B, ce dernier devrait logiquement conserver ce montant puisque 1$, c’est mieux que rien.
En pratique, le résultat est tout autre, les joueurs qui se font offrir un ou deux dollars rejettent massivement l’offre de A et préfèrent ne rien recevoir. La seule explication logique de ce résultat est que le joueur B se sente floué par le joueur A. La réaction émotive du joueur B est plus importante à sa décision que sa réaction logique et rationnelle. En fait, lorsqu’on remplace le joueur A par un ordinateur, le joueur B a tendance à se comporter rationnellement et accepter toutes les offres de l’ordinateur parce que ce dernier sait que la machine n’a pas de réaction émotive. Aussi, on remarque que la plupart des joueurs A reconnaissent la réaction émotive de la décision et auront tendance à donner environ 4$ au joueur B. Les seuls candidats qui jouaient de façon récurrente selon les règles logiques et offraient un ou deux dollars sont ceux qui ne considéraient pas les émotions du joueurs B.
Toutes ces études nous poussent à promouvoir, développer et utiliser des modèles d’investissement dont le processus décisionnel est uniquement basé sur des données logiques et rationnelles et non pas sur des instincts émotifs. L’objectif de ces techniques d’investissement est uniquement de maximiser le résultat économique et pécuniaire de nos décisions d’investissement. Dans le jeu de l’Ultimatum comme dans l’investissement les décisions gagnent à être logiques plutôt qu’émotives.
Merci de votre confiance.
L’équipe Claret.