Combiner les styles d’investissements pour un portefeuille solide et bien équilibré

Est-ce que votre portefeuille est bien construit? Est-ce qu’il est bien structuré pour obtenir un bon rendement? Est-il flexible pour bien performer dans la plupart des environnements ou est-il plutôt rigide et ne peut performer que dans des conditions particulières? 

Titres de croissance, philosophie valeur, chercher à investir dans les dividendes ou dans des titres de qualité, les spécialistes peuvent avoir des points de vue qui diffèrent sur la meilleure stratégie à établir. Parfois, cela dépend à qui vous le demandez et quand vous le demandez. Dans cet article, nous démystifions les différents styles d’investissements en évaluant leurs forces et leurs faiblesses. Nous expliquons également comment la combinaison de plusieurs styles d’investissement permet de bâtir un portefeuille plus robuste, qui s’adapte mieux aux différentes phases du cycle économique. Le résultat d’un portefeuille multistyles peut augmenter le rendement espéré tout en minimisant les risques. 

Le style croissance 

La stratégie de croissance a pour objectif de trouver des entreprises en forte croissance. On misera sur des entreprises qui ont un potentiel de croissance élevé en termes de revenus et de bénéfice futurs. Ce sont parfois des sociétés innovantes ou en phase de développement, mais ce sont souvent des entreprises qui misent sur un plan d’affaires, une technologie ou une expertise révolutionnaire. 

Dans cette stratégie, on essaie de se projeter dans l’avenir, pour estimer le potentiel futur des entreprises et leur profitabilité éventuelle. 

La stratégie croissance est souvent associée à une plus grande incertitude pour deux raisons principales. Premièrement, puisque l’on compte sur une forte croissance des profits, les profits futurs ont un poids important dans le calcul de valorisation de l’entreprise. De ce fait, plus les hypothèses de profitabilités sont éloignées dans le temps, plus elles sont susceptibles d’être inexactes. Le calcul de valorisation des entreprises de croissance est donc plus aléatoire. 

Deuxièmement, souvent, le plan d’affaires des entreprises de croissance repose sur une nouvelle manière de faire les choses, que ce soit une nouvelle technologie ou une nouvelle façon d’adresser un marché. La stratégie est donc associée à un niveau d’incertitude encore plus élevé. 

On dit souvent en croissance que l’on cherche le prochain Microsoft! Voilà une image qui résume bien cette stratégie. Son avantage principal est d’opter pour un rendement supérieur en maximisant les chances de posséder les entreprises qui ont de fortes poussées boursières. 

Le style croissance a tendance à être plus volatile. La probabilité de payer les titres trop chers est un facteur important à considérer. Les investisseurs sont souvent emportés par les importantes perspectives de rendement et oublient de considérer les chances que cela se réalise. Un peu comme l’achat du billet de loterie, on met beaucoup d’emphase sur la valeur du gros lot, mais très peu sur les chances de gagner. On doit donc être prêt à payer une prime pour investir dans les titres de croissance. 

Dans une période de marchés baissiers ou lorsque les vents de face affectent les secteurs de croissance, les cours peuvent souffrir d’importantes corrections. Bien que les chiffres de rendement soient excellents lorsque la stratégie a le vent dans les voiles, celle-ci ne fonctionne pas dans toutes les phases du cycle boursier et les corrections sont habituellement douloureuses pour le portefeuille.  

Le style valeur 

Les gestionnaires de style valeur cherchent à investir dans des titres bon marché. La définition pure consiste à chercher à investir dans des entreprises dont la valeur au marché est plus faible que sa valeur intrinsèque. 

Dans cette stratégie on utilise la méthode des flux de trésorerie actualisée (ou discounted cash flow method en anglais) pour trouver la valeur intrinsèque d’une entreprise. On se fiera également aux cours bénéfice, au cours valeur au livre et à d’autres ratios de valorisation pour statuer si un titre se transige sous sa vraie valeur théorique ce qui génère un intérêt pour l’investisseur valeur. 

La stratégie valeur est l’outil de base de l’as investisseur Warren Buffet.  

C’est le prix du titre (ou plus précisément la faiblesse du prix) qui importe dans l’achat. On se concentre à chercher des actifs au rabais. L’avantage de cette stratégie est de limiter l’achat de titres trop dispendieux en espérant ainsi limiter les chutes importantes dans le but d’avoir un portefeuille moins volatil tout en offrant un excellent rendement espéré. 

Investir avec le style valeur demande une discipline de fer. Bien que certaines périodes soient propices à cette approche qui diminue fortement le risque de subir de fortes pertes, ce n’est pas toujours le cas. En effet, quand l’économie est en forte croissance, il peut se passer de long moment où l’investisseur n’arrive pas à mettre la main sur des titres de qualité qui se transigent à bon marché. 

Lorsque l’économie favorise une croissance des profits, cela devient très difficile pour le style valeur qui met l’emphase sur ce qui est tangible comme le bilan et l’historique de profits. Puisque cette philosophie est réfractaire à payer pour la croissance des profits futurs, on risque de passer à côté de plusieurs bonnes occasions de placement. 

Également, il y a souvent une raison qui explique pourquoi un titre se transige à faible coût. Les entreprises peuvent faire face à des vents contraires importants, qui les empêcheront éventuellement d’atteindre leur potentiel de profitabilité. Les investisseurs qui s’entêtent à mettre trop d’emphase sur le prix et qui négligent d’analyser la qualité d’une entreprise risquent d’acquérir des titres dont les perspectives sont mauvaises et avoir un rendement en conséquence. 

Il est vrai que certaines périodes du cycle du marché sont propices au style valeur et que l’on arrive à trouver un grand nombre de compagnies performantes à faible coût. L’investisseur valeur peut, en revanche, avoir de la difficulté à établir sa stratégie pendant de longues périodes et il risque de se faire piéger par des entreprises qui semblent bon marché, mais dont les perspectives sont fortement hypothéquées.  

Le style qualité 

Le style qualité consiste à investir dans des entreprises qui possèdent des caractéristiques opérationnelles et financières de qualité supérieure. L’investisseur de style qualité cherche des entreprises avec un bilan solide, des marges bénéficiaires élevées et une forte rentabilité. 

L’investisseur va accorder une grande importance aux ratios de qualités que l’on peut calculer à partir des états financiers d’une entreprise. On portera attention aux ratios de profitabilité pour démontrer une qualité opérationnelle comme les marges bénéficiaires, les flux de trésoreries auto-générés, les ratios de BAIIA et les marges de profit net. Les entreprises préférées sont non seulement hautement profitables, mais elles affichent une stabilité et une croissance dans la profitabilité. On va également s’assurer d’investir dans des titres qui sont gérés de manière optimale avec un bilan solide et des dépenses en capital raisonnables tout en investissant dans l’avenir. 

On termine l’analyse en s’assurant d’un rendement des capitaux utilisés supérieur à la moyenne. On accorde donc une grande importance au ratio des profits par rapport aux actifs, au ratio des profits par rapport à l’équité et au rendement sur les capitaux propres. 

On cherche à investir dans des entreprises qui maximisent leurs chances de demeurer profitables à très long terme et qui démontrent une excellente pérennité du plan d’affaires. 

Cette stratégie semble triviale et évidente, mais on se heurte au fait que les actions des entreprises qui répondent à ces critères de qualité se paient souvent très cher.  

Le style dividende 

Au milieu des années 1900, les entreprises distribuaient une part plus importante de leurs bénéfices sous forme de dividendes qu’elles ne le font aujourd’hui, car les styles d’investissement dictaient que les gens voulaient un flux de trésorerie, ce qui était facilité par l’environnement fiscal de l’époque.  Encore aujourd’hui, le dividende est une manière de retourner du capital aux actionnaires. C’est pourquoi beaucoup d’investisseurs sont attirés par les dividendes puisqu’il s’agit d’un revenu concret. Le style dividende consiste tout simplement à choisir des entreprises qui paient un dividende et en préférant celles dont le dividende est élevé par rapport au prix de l’action.   

Comme les autres stratégies, le style dividende a des points forts et des points faibles.  

Premièrement, un des avantages du niveau de dividendes est qu’il peut servir de base pour aider à juger si les actions d’une entreprise sont dispendieuses ou bon marché. Souvent, plus le taux de dividende est élevé, plus les cours sont bon marché. Deuxièmement, le dividende versé à l’investisseur peut permettre de racheter d’autres titres ou servir de liquidité.

Par contre, la fiscalité favorise maintenant le gain en capital par rapport au dividende, ce qui n’est pas à négliger. Par ailleurs, lorsque l’on cherche des entreprises qui versent un fort dividende, le risque est plus grand de tomber sur des entreprises à maturité ou en décroissance. Également, les entreprises qui retournent trop de capital à leurs actionnaires risquent de ne pas réinvestir suffisamment dans leur développement et se retrouver avec des installations désuètes. Ces entreprises peuvent donc devenir la proie de compétiteurs mieux outillés, perdre des parts de marché à long terme et hypothéquer leur profitabilité.  

Chaque style d’investissement vient avec son lot de forces et de faiblesses. La diversification de style est un élément à ne pas négliger lorsque l’on bâtit un portefeuille. Ce faisant, on réussit à bâtir un portefeuille robuste et qui performe mieux dans l’ensemble des phases du cycle économique. D’ailleurs, chez Claret, nos recherches nous ont démontré que l’on obtient de meilleurs rendements lorsque l’on combine plusieurs stratégies. 

Il existe des formules compliquées pour bâtir un portefeuille équilibré qui tient compte de plusieurs facteurs. L’investisseur astucieux peut cependant combiner dans son portefeuille, différentes proportions d’un portefeuille de style valeur, de style croissance, de dividende et de qualité pour trouver une combinaison qui répond à ses objectifs d’investissements. 

Il faut se méfier de certains placements proposés par les institutions financières, car elles ont tendance à faire la promotion des fonds dont la stratégie a été en vogue lors des derniers temps. Si les chiffres de performances semblent survoltés, la stratégie risque de manquer d’essence. 

Auteur(e)

  • Vincent Fournier, M.Sc., CFA
    Vincent a commencé sa carrière en 1999 et est détenteur de la charte CFA depuis 2004. Il détient un baccalauréat en administration des affaires et une maîtrise en économie. Il est membre du conseil d’administration de l’association CFA Montréal depuis 2005 et y a occupé le poste de président en 2010-11. Vincent s’est joint à l’équipe Claret en 2002.

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