Est-ce que les actions permettent de protéger contre l’inflation ?

L’inflation se définit par la dévaluation de l’argent, soit l’érosion du pouvoir d’achat d’un dollar dans le temps.

Pour plusieurs d’entre nous, l’inflation se manifeste dans l’augmentation du prix des denrées. De votre panier d’épicerie, ou votre facture coûteuse au restaurant ou votre maison de rêve qui semble de plus en plus inaccessible, l’inflation a un effet pervers sur notre budget et notre épargne.

À court terme, l’inflation peut sembler bénigne et peu perceptible, mais elle peut facilement avoir un impact catastrophique sur votre planification financière si elle n’est pas adressée adéquatement. Il est important de trouver des stratégies pour s’immuniser des effets de l’inflation, surtout lorsqu’on planifie pour la retraite.

Dans ce texte, nous vous expliquerons comment les actions ordinaires permettent à votre portefeuille de contrer les effets néfastes de l’inflation.

Choisir des investissements pour se protéger de l’inflation

Pour protéger vos actifs contre l’inflation, il faut tout simplement trouver des titres dont le rendement est plus important que l’inflation. On appelle le rendement réel, le rendement net moins l’inflation. En d’autres mots, si votre portefeuille d’actions ordinaires donne un rendement de 8%, mais que l’inflation est de 3%, le rendement réel de votre portefeuille est de 5%. Il s’agit tout simplement de gagner du terrain contre l’inflation en y obtenant un rendement en plus.

Jeremy Siegel, professeur émérite de la très réputée école d’étude commerciale Wharton de l’université de la Pennsylvanie a démontré que les rendements réels des actions sont remarquablement constants à long terme, et ce même lorsque l’on traverse des périodes inflationnistes*.

Les résultats des chercheurs Jaffe et Mandalker soutiennent également que l’inflation a peu d’effet sur le rendement des actions à long terme*.

Avant de vous expliquer comment les actions ordinaires permettent aux investisseurs de combattre l’inflation, regardons les autres classes d’actifs.

Les obligations, les matières premières et l’immobilier vs. l’inflation

À part quelques rares moments dans l’histoire, habituellement, les obligations et titres de revenus fixes offrent un rendement réel nul ou très faible. Ces deux catégories d’actifs ne sont donc pas idéales pour permettre à notre portefeuille de combattre l’inflation et de générer un rendement qui nous permet de retirer des fonds pour vivre de notre épargne.

Les denrées et les commodités peuvent agir comme couverture à l’inflation, cependant elles ne génèrent habituellement pas de revenu et ne permettent pas de générer des fonds pour les retraits de portefeuilles.

Ces classes d’actifs permettent donc de se défendre contre l’inflation, mais la contre-attaque est limitée.

L’immobilier peut être un bon outil pour combattre l’inflation, mais à condition de respecter quelques conditions. Les fiducies de revenu immobilier (Real Estate Investment Trust en anglais ou REIT) sont un bon outil. Elles sont, en revanche très similaire aux actions ordinaires. Le titulaire d’un REIT est en fait propriétaire d’une portion d’un parc immobilier dont l’objectif est de générer du revenu comme les actions ordinaires. On peut donc appliquer le résonnement de cet article à cette classe d’actif.

Les actions ordinaires vs. l’inflation

On sait qu’une action ordinaire se veut un droit de propriété sur une entreprise et sur les profits qu’elle génère. On sait également que, plus une entreprise fait de l’argent et plus elle pourra en distribuer à ses actionnaires.

Pour comprendre comment les actions ordinaires permettent à l’investisseur de se prémunir contre l’inflation, il faut tout d’abord comprendre comment on évalue leur prix. La valeur d’une action ordinaire est définie par la somme de ses profits futurs évalués en dollars d’aujourd’hui. Si les profits futurs anticipés sont à la hausse, le prix des actions devrait également montrer une tendance haussière.

Dans un contexte inflationniste où les prix sont à la hausse, les compagnies ont la capacité de passer les hausses de prix aux clients et aux consommateurs en augmentant le prix des biens et services qu’elles rendent.  

Lorsque l’on augmente les prix de vente pour maintenir les marges de profitabilités, on augmente par conséquent les profits sur une base absolue. Si les profits sont à la hausse, alors le prix des actions sera éventuellement haussier.

Voilà le mécanisme qui fait des actions ordinaires un excellent outil pour combattre l’inflation à long terme.

Bien que le mécanisme soit bien huilé à long terme, l’investisseur doit aussi savoir que ce n’est pas aussi évident à court terme et qu’initialement on peut même subir l’effet contraire. Il y a, en effet, 3 facteurs qui empêchent un appareillage parfait entre l’inflation et les hausses des prix des actions :

Premièrement, quand l’inflation gagne en vigueur, les banques centrales vont essayer de réduire les pressions inflationnistes en faisant monter les taux d’intérêt. Si les taux d’intérêt sont plus élevés, cela devrait théoriquement rendre les obligations plus intéressantes pour les investisseurs. Les hausses des taux d’intérêt auront donc comme effet initial de rendre les obligations plus compétitives que les actions ordinaires. Avec des taux plus élevés, cela crée un vent de face pour les actions puisque le rapport offre-demande de ces dernières sera ainsi affecté. Certains montants investis se dirigeront donc plutôt vers le marché obligataire au détriment des actions ordinaires.

Deuxièmement, puisque l’inflation influence les taux d’intérêt à la hausse, le coût du capital devient temporairement plus dispendieux. Il en coûtera plus cher aux entreprises pour financer leurs nouveaux projets comme une nouvelle ligne de production, une nouvelle usine ou l’acquisition d’un compétiteur. Cela a comme effet de réduire les profits à court terme et d’agir comme un vent de face pour la valeur des actions ordinaires. 

Troisièmement, bien que les entreprises puissent augmenter leurs prix pour compenser les augmentations de coûts, il existe un certain laps de temps avant que ces augmentations passent à travers le cycle de vente et remontent au bilan. Lorsque les officiers de la comptabilité et des finances d’une entreprise constatent une hausse de coût, ils vont calculer une hausse de prix de vente pour compenser. Il faut par après annoncer aux clients les hausses de prix et réviser les catalogues de vente. Les clients ont également une période de grâce pour régler leurs factures. Les sommes perçues doivent être affichées aux états des résultats et ensuite être publiées aux actionnaires. Ce processus doit être complété avant que les marchés réalisent avec assez de confiance que l’entreprise navigue bien dans le contexte inflationniste et que les profits sont effectivement à la hausse.

Bien qu’à court terme l’inflation peut sembler néfaste pour le marché boursier, à cause des augmentations des taux d’intérêt et du temps nécessaire pour compléter un cycle de vente, l’inflation peut en fait être une bonne chose, puisqu’elle permet aux entreprises d’augmenter leurs prix et leurs profits. Les profits en hausse soutiendront ainsi éventuellement de bonnes performances boursières.

Pour se protéger des effets négatifs de l’inflation, investissez dans un bon portefeuille bien diversifié. Un portefeuille bien diversifié permet de réduire les différents risques d’investissements et offre un ratio risque rendement qui est optimal.

* Les liens marqués par un * sont disponibles en anglais seulement.

Auteur(e)

  • Vincent Fournier, M.Sc., CFA
    Vincent a commencé sa carrière en 1999 et est détenteur de la charte CFA depuis 2004. Il détient un baccalauréat en administration des affaires et une maîtrise en économie. Il est membre du conseil d’administration de l’association CFA Montréal depuis 2005 et y a occupé le poste de président en 2010-11. Vincent s’est joint à l’équipe Claret en 2002.

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