Inutile de vous rappeler les piètres performances du dernier trimestre (le 3e de 2001). De fait, ce fut la pire performance depuis le 3e trimestre de 1987 quand le marché s’était écrasé de 22.54% (vous souvenez-vous du crash de 1987?).
Vous trouverez ci-dessous les performances du 1er juillet au 30 septembre 2001 :
Indices | En monnaies locales | En $ canadiens |
---|---|---|
TSE 300 | -11.60% | -11.60% |
S&P 500 (U.S.) | -14.99% | -11.34% |
Nasdaq (U.S.) | -30.65% | -27.68% |
Bloomberg Europe (Euro) | -19.48% | -9.86% |
Nikkei (Japon) | -24.63% | -18.86% |
Une économie morose combinée avec l’acte terroriste du 11 septembre a encouragé la réserve fédérale américaine (FED) à continuer de réduire rapidement les taux d’intérêt. Les taux ont plongé à des niveaux sans précédent depuis les années 60. Nous croyons que les taux sur les obligations à longues échéances pourraient toucher les 4% durant l’année prochaine. Cependant, il est fort probable que les taux d’obligations corporatives ne connaîtront pas le même sort car les risques de faillites causées par la récession garderont les taux plus élevés.
Quant au fameux dollar canadien, il a chuté de US$0.6568 à us$0.6332 à la fin du trimestre. Depuis, le huard navigue dans des zones jamais atteintes auparavant (US$0.6200). Tel que mentionné lors de nos dernières lettres, le dollar canadien, bien que continuellement sous-évalué, ne se renforcira que si nos politiques peuvent attirer (et garder) des investissements étrangers. Nous n’en sommes pas loin. En fait, nous avons réussi à rendre la valeur de nos actifs tellement basse que les multinationales américaines les achètent pour une bouchée de pain (pétroles et technologies principalement). L’Euro, de son côté, a eu un regain de vie, passant de $0.849 à $0.918. Pourtant rien de spécial n’a changé en Europe. Nous attendons impatiemment le 1er janvier 2002 alors que naîtra physiquement la nouvelle monnaie.
Quelle surprise pour les pays producteurs de pétroles! Les événements du 11 septembre ont fait chuter drastiquement la demande et par le fait même, le prix du baril. Le pétrole a chuté de 30% et cela devrait se poursuivre. Au fur et à mesure que la récession se confirme et s’affirme, il sera très peu probable de voir une hausse substantielle du prix du baril à court terme. De plus, les pays occidentaux ont réalisé que leur dépendance au pétrole du Moyen Orient les a rendus vulnérables à d’autres crises d’énergie. Attendez-vous à ce que de nouvelles sources d’énergie soient développées dans la prochaine décennie afin de réduire notre dépendance au pétrole. Malheureusement, ce changement graduel ne fera qu’accentuer la tension existante avec les nations productrices de pétrole … ce qui pourrait entraîner de nouveaux mouvements de violence et de terrorisme.
Veuillez s’il vous plaît vous référer à l’évaluation de portefeuille dans la prochaine section pour une liste complète des titres que vous détenez. Vous y trouverez un rapport des transactions qui inclut une description des titres achetés lors du dernier trimestre.
Quant aux marchés boursiers, nous en sommes arrivés à un croisement de chemin. Vous avez certainement entendu suffisamment d’histoires d’horreurs quant au futur immédiat. Comme c’est souvent le cas, il y a deux côtés à la médaille. D’un côté, les optimistes (« bullish ») nous disent que :
- Statistiquement, une guerre a des répercussions positives car tout ce qui est détruit doit être reconstruit et donc encourage l’activité économique
- La FED a réduit les taux substantiellement. Dernièrement nous avons touché les 2% et ceci est très positif pour les actions et obligations.
- « Le marché performe toujours bien durant les périodes de pessimisme et d’anxiété » (Dicton de Wall Street)
De l’autre côté, le camp des pessimistes (« bearish ») nous indique les raisons négatives suivantes :
- Nous venons de vivre une bulle technologique qui a créé puis détruit plusieurs fortunes. Bien que discutable, cette bulle a connu son apogée après 18 ans de marchés haussiers. Comme n’importe quelle bulle (imaginez-vous un gros ballon), après avoir été percée, il est impossible de la regonfler. Après plus de 2 décennies de croissance et d’excès, la gueule de bois qui suit ne peut pas durer que 18 mois, le marché avait mis plus de 10 ans à digérer complètement les excès de la fin des années 60 (Nifty Fifty).
- Les mesures traditionnelles – cours bénéfices (P/E), valeur au livre (Book Value), rendement de dividendes – nous indiquent que le S&P 500 transige encore à des multiples bien élevés … même après une chute de plus de 30%! Comme nous entrons dans une récession, les profits corporatifs diminueront pour rendre ces mêmes mesures encore moins intéressantes.
Nous pourrions continuer ce débat ad vitam aeternam autant pour un camp que pour l’autre, chacun avançant des points intéressants. Malgré cette confusion, notre approche « bottom-up » et nos analyses nous permettent de mieux évaluer la situation.
En effet, un thème important se pointe à l’horizon : il existe deux marchés boursiers. L’un comprend les titres technologiques et ceux des grandes capitalisations qui ont causé beaucoup de pertes ces derniers trimestres. Ces titres sont très visibles à l’investisseur moyen puisqu’ils sont représentés par les indices Dow Jones, S&P 500 et Nasdaq. L’autre marché représente les titres de moyennes et petites tailles qui ont donc, par le fait même, été délaissés pendant plusieurs années. Ces titres ont des évaluations très raisonnables et de belles perspectives de croissance. Ce groupe de compagnies de taille moins gigantesque a connu un marché baissier depuis 1998 jusqu’en mars 2000. Depuis, ces titres connaissent une bonne hausse mais demeurent quand même à de bons prix. Ils ont été moins visibles à l’investisseur moyen car leur poids dans les indices est minime. De plus ces titres ne sont pas mis en évidence dans les journaux de tous les jours. Et puis, qui voudrait parler d’une compagnie de peinture alors qu’il a l’air tellement plus intelligent en utilisant les mots tels fibre optique, broadband, internet, réseau optique, etc …
Nous croyons donc que les beaux jours des grands indices tels que le Dow Jones et le Nasdaq seront remplacés par des jours de stagnation pour les prochaines années (si ce n’est pas la prochaine décennie). On peut comparer ce phénomène à celui des années 70 ou le Dow a fluctué entre 500 et 1000 points pendant plus de 10 ans. Sous ce marché plutôt ennuyeux pour les grandes capitalisations se cache une économie en pleine effervescence pour les compagnies soit disant de la « vieille économie » qui, après avoir adapté les nouvelles technologies ne paraissent plus aussi vieilles …
Deux conclusions peuvent être tirées : de bonnes nouvelles pour les gestionnaires actifs possédant une bonne méthodologie; et de mauvaises nouvelles pour les acheteurs de grandes compagnies et de fonds indiciels.
- Pour la première fois depuis 1982, une bonne méthodologie qui permet de bien choisir les titres sera extrêmement important afin d’enregistrer de bonnes performances dans les années à venir.
- Auparavant, l’investisseur moyen avait peu à faire pour performer mieux que 90% des fonds mutuels : acheter et garder les plus gros noms est tout ce qu’il faillait faire. Malheureusement, peu ont appliqué cette stratégie assez tôt et l’ont plutôt fait ces dernières années alors que cela devenait de plus en plus populaire. Ceci a grandement contribué à grossir la bulle. Nous croyons donc que les stratégies d’indexation sur les grandes compagnies apporteront de piètres résultats ces prochaines années alors que le marché reviendra tranquillement vers des niveaux d’évaluation plus raisonnables.
Peu importe si nos prévisions s’avèrent justes, notre modèle d’évaluation ne changera pas. Nous continuerons à travailler fort à la recherche de titres ayant d’excellentes opportunités de croissance mais qui sont temporairement mal évalués dû à de mauvaives nouvelles à court terme.
En conclusion, c’est avec grand plaisir que nous annonçons que notre système comptable a été remplacé et grandement amélioré. Ce rapport trimestriel actuel a été généré par le nouveau système. Tous vos commentaires seront les bienvenus.
L’Equipe Claret