Un des changements importants du retrait de la vie professionnelle, c’est de faire la transition du salaire aux revenus de retraite afin de combler ses besoins financiers.
Il n’existe pas de solution universelle qui s’applique à tous dans la mise en place d’une transition à un portefeuille de décaissement. La taille de votre portefeuille, le désir de laisser un héritage, la présence de rente et l’espérance de vie peuvent tous affecter la stratégie et la composition de votre portefeuille.
Il faut faire attention avec les règles du passé et se fier plutôt aux nouvelles recherches en matière de financement d’une rente pour la retraite.
L’adage recommandant aux rentiers de détenir un pourcentage d’actifs à revenu fixe équivalent à leur âge est aujourd’hui révolu. L’accroissement de l’espérance de vie, l’évolution des conditions du marché et les changements dans la fiscalité ont rendu cette règle obsolète.
Une recommandation généralement reconnue par le passé de budgéter vos besoins financiers à la retraite à 70% de votre coût de vie professionnelle peut également s’avérer erronée. Les soins de santé sont beaucoup plus coûteux qu’auparavant et les couvertures des régimes publiques peuvent se voir insuffisantes pour les retraités. Aussi, les rentiers sont considérablement plus actifs qu’ils ne l’étaient dans le passé et il est même possible de voir le budget augmenter, en raison des voyages ou loisirs accrus ou autres, une fois à la retraite.
1. Diversifiez votre portefeuille
Un portefeuille de placement doit être diversifié pour éliminer le risque. Puisque la diversification est l’arme de prédilection pour contrer le risque, on comprend donc pourquoi la diversification est toujours importante à la retraite. En pratique, on voit beaucoup les investisseurs retraités mettre trop d’emphase sur le fait que l’on doit décaisser. Bien que le montant retiré annuellement puisse paraître important, il reste relativement modeste comparé à la taille du portefeuille. Rappelez-vous, votre portefeuille doit pouvoir perdurer sur plusieurs décennies tout en combattant l’inflation par la croissance.
En d’autres mots, si on retire 5% du portefeuille dans l’année, il ne faut pas oublier le 95% qui reste.
On doit donc continuer à investir dans diverses classes d’actifs et dans diverses stratégies pour s’assurer d’avoir un portefeuille robuste qui a la capacité d’atteindre ses objectifs dans plusieurs scénarios économiques.
2. Générer du revenu
Le portefeuille d’un retraité doit générer du revenu et la quantité de revenu doit être basée sur les besoins de retraits du rentier.
Comment on fait pour trouver le montant de revenu à générer? Un rentier devrait avoir 65% de ses besoins de retraits financés par les revenus des portefeuilles une fois les rentes payées.
Attention de ne pas mélanger revenus et performance. Lorsque l’on parle de revenus, on fait référence aux intérêts, aux dividendes et aux distributions qui sont générés et versés de manière périodique dans les portefeuilles. La performance, quant à elle, fait référence à la fluctuation totale du portefeuille en incluant les gains et pertes en capital au revenu.
Quand on fait référence aux revenus, on parle des intérêts, des dividendes et des distributions qui sont générés de manière récurrente par les émetteurs, comme les compagnies et les gouvernements. Il faut demeurer très vigilant lorsque l’on investit par l’entremise de produits financiers comme des billets, des fonds ou des actions divisées (split shares) puisque certains outils de placement déguisent le retour du capital comme un revenu. En d’autres mots, le revenu que l’on vous verse est partiellement ou complètement composé de votre capital que l’on vous redonne.
De générer 65% des besoins financiers après les rentes peut être plus ou moins facile à obtenir dépendant de la taille du portefeuille. Si le rentier a accumulé un patrimoine important, il peut se permettre de générer l’équivalent de 100% de ses besoins financiers annuels en revenus d’intérêts, en dividendes et en distributions pour avoir une planification de retraite plus conservatrice. En revanche, un revenu trop important peut devenir contre-productif puisqu’il est désavantagé fiscalement et peut atténuer le potentiel de croissance du portefeuille pour la succession ou pour combattre l’inflation.
Voici un exemple. Les dépenses de vie d’une personne retraitée sont de 100 000$. Elle cumule des rentes gouvernementales de 20 000$ donc le solde des 80 000$ restants devrait être financé à 65% par des revenus. On organise alors les portefeuilles pour qu’ils génèrent 52 000 $ en revenu d’intérêt, de dividendes et de distributions. Si un investisseur avait, en revanche, un patrimoine très important, il pourrait opter pour être plus conservateur et générer un revenu annuel de 80 000$ et ainsi avoir la totalité de ses besoins financiers comblés par du revenu. Au-delà de ce niveau, le bénéfice des revenus diminue progressivement et peut, dans certaines circonstances, devenir désavantageux.
Étant donné que les revenus fluctuent moins que les marchés et sont récurrents, on peut planifier avoir des liquidités suffisantes pour les retraits avec plus d’assurance. On comptera alors sur les gains en capital pour générer le solde des besoins financiers.
3. Avoir une réserve
Puisque le gain en capital peut s’éclipser lors de marchés défavorables, un portefeuille destiné à générer des revenus pour un retraité devrait avoir une réserve.
Cette réserve doit être équivalente à au moins 3 ans des retraits qui ne sont pas comblés par les revenus et elle doit être investie dans des produits financiers liquides et sécuritaires, tels que des obligations gouvernementales ou autres produits de dette fiables.
Ainsi, en cas de chute significative des marchés financiers, le gestionnaire ne sera pas obligé de vendre à perte ou au rabais des actifs qu’il préférerait conserver. Cette réserve, qui conserve sa valeur en toute circonstance, peut être utilisée pour générer les liquidités nécessaires en temps de besoin.
Il va sans dire que l’investisseur bien nanti, qui opte pour avoir 100% de ses besoins annuels financés par des revenus, a moins besoin de cette réserve puisqu’il ne se fie pas au gain en capital pour les besoins de retraits.
4. Optimiser la fiscalité
Évitez de payer des taxes en orientant les revenus d’intérêt vers des comptes non imposables tels que les comptes de retraite enregistrés.
Il est préférable de placer les actifs générant du gain en capital dans des comptes imposables, lorsque c’est possible.
Il est également contre productif d’avoir un portefeuille qui génère trop de revenu, surtout lorsque l’on travaille avec des portefeuilles taxables.
5. Mettre sur place un fonds d’urgence
Un rentier doit avoir un fond d’urgence. La vie, par sa nature imprévisible, peut réserver des surprises. Un retraité devrait donc établir un fond d’urgence pour parer aux éventualités comme une toiture à changer, une rénovation imprévue ou une dépense médicale importante non couverte.
Ce fonds d’urgence doit être investi dans un CELI ou un compte régulier pour éviter de surcharger le coût fiscal en cas de retraits ponctuels. Investir ce fonds d’urgence dans le mauvais type de compte a le potentiel de rendre un imprévu considérablement plus dispendieux qu’il ne devrait l’être.
Retournons à l’exemple initial d’un retraité avec un coût de vie annuel de 100 000$. Si ce dernier devait rencontrer un ennui qui lui coûterait 25 000$, cet accro occasionnerait un coût après impôt 2 fois plus cher si les sous devaient être retirés d’un REER plutôt que d’un CELI.
Cela est le résultat d’un retrait dans un compte REER situé dans une tranche fiscale élevée.
À la retraite, comme dans la vie, il est essentiel de considérer l’ensemble de ses portefeuilles comme un tout et d’éviter de trop se focaliser sur les détails.
Comme aucune prévision n’est infaillible, assurez-vous de revoir vos objectifs avec un conseiller financier et de mettre votre dossier à jour périodiquement.