Le M-Score de Beneish et ce qu’il signifie

Durant les périodes d’incertitude économique, il convient d’être attentif aux signes avant-coureurs d’une récession, notamment la publication par des entreprises d’états financiers et de rapports trompeurs. Voici comment la méthode de Beneish et son M-Score peuvent mesurer la probabilité de manipulation des états financiers et même aider à prédire la prochaine récession.

Le M-Score de Beneish et ce qu’il signifie

Le M-score de Beneish est un modèle statistique conçu pour déceler les manipulations potentielles des états financiers d’une entreprise. Il utilise huit variables – des ratios financiers – en l’occurrence l’indice du délai moyen de recouvrement des créances, l’indice de marge brute, l’indice de qualité des actifs, l’indice de croissance des ventes, l’indice de dépréciation, l’indice des frais généraux et administratifs liés aux ventes, l’indice de levier et le total des charges à payer sur le total des actifs. Ces ratios sont analysés pour calculer les valeurs résiduelles normalisées, qui sont ensuite combinées et comparées à une valeur seuil. Si le M-Score est inférieur à -1,78, il indique une faible probabilité de manipulation, tandis qu’un M-Score supérieur à -1,78 indique une forte probabilité de manipulation.

À l’approche d’une récession, les entreprises ont tendance à produire des rapports plus trompeurs. Après avoir examiné des milliers d’entreprises cotées en bourse sur une période de 43 ans, des chercheurs ont observé un lien significatif entre un M-Score plus élevé et une probabilité plus élevée de récession imminente au cours des cinq à huit trimestres suivants.

Le rôle que joue le M-Score de Beneish dans la détection d’une manipulation

Pour illustrer l’efficacité du M-Score de Beneish, une étude a examiné les états financiers d’Enron de 1996 à 2000. Les résultats ont montré que le M-Score aurait permis de détecter d’importantes manipulations comptables de la part d’Enron dès 1998. Cet exemple souligne l’importance d’identifier et de traiter rapidement les chiffres comptables manipulés, puisque les conséquences peuvent être préjudiciables à vos placements. D’autres entreprises et investisseurs s’appuient sur des informations financières exactes pour prendre des décisions en matière d’emploi et de placement, et des rapports trompeurs peuvent avoir un effet d’entraînement qui contribue à la perte de confiance dans les marchés des capitaux.

Comment calculer le M-Score de Beneish

Le M-Score de Beneish est calculé à l’aide d’une formule qui combine les valeurs pondérées des différents ratios. Voici la formule de calcul du M-Score de Beneish :

M-Score = -4,84 + (0,92 * DSRI) + (0,528 * GMI) + (0,404 * AQI) + (0,892 * SGI) + (0,115 * DEPI) – (0,172 * SGAI) + (4,679 * TATA) – (0,327 * LVGI)

Chaque ratio est multiplié par sa pondération respective, et les valeurs ainsi obtenues sont additionnées pour calculer le M-Score. Cette formule fournit une évaluation quantitative de la probabilité de manipulation des états financiers en fonction des huit variables.

Pour calculer le M-Score d’une entreprise, ce tableau peut vous être utile.

Voici un résumé de la signification de chaque variable : 

  1. DSRI (Days Sales in Receivables Index – Indice du délai moyen de recouvrement des créances) : Une augmentation sensible des créances peut indiquer une constatation accélérée des revenus, ce qui peut constituer un signe avant-coureur d’une manipulation potentielle.
  2. GMI (Gross Margin Index – Indice de marge brute) : Une marge brute plus faible pousse les entreprises à gonfler leurs bénéfices. Par conséquent, un indice de marge brute plus faible contribue à un M-Score plus élevé.
  3. AQI (Asset Quality Index – Indice de qualité des actifs) : Une augmentation des actifs à long terme peut suggérer une manœuvre de report des coûts, par exemple lorsque les coûts sont capitalisés au lieu de les passer en charges. Cette tactique de manipulation peut être détectée grâce à l’indice de qualité des actifs.
  4. SGI (Sales Growth Index – Indice de croissance des ventes) : Les entreprises à forte croissance sont soumises à une pression plus forte pour atteindre les cibles de bénéfices. Par conséquent, un indice de croissance des ventes plus élevé accentue la probabilité d’une manipulation.
  5. DEPI (Depreciation Index – Indice de dépréciation) : Des changements dans la méthode de calcul de l’amortissement ou le rajustement de la durée de vie utile estimée des actifs peuvent être des indicateurs d’une manipulation potentielle. L’indice de dépréciation examine ces aspects pour contribuer au M-Score.
  6. SGAI (Sales, General, and Administrative Expenses Index – Indice des frais généraux et administratifs liés aux ventes) : Si le ratio des frais généraux et administratifs par rapport au chiffre d’affaires est élevé, cela peut inciter les entreprises à gonfler leurs bénéfices. Par conséquent, un ratio SGAI élevé augmente le M-Score.
  7. TATA (Total Accruals to Total Assets – Total des charges à payer sur le total des actifs) : Des charges à payer plus importantes peuvent indiquer une plus grande probabilité de manipulation des bénéfices. En analysant le rapport entre le total des charges à payer et le total des actifs, le M-Score permet d’évaluer ce facteur de manipulation potentiel.
  8. LVGI (Leverage Index – Indice de levier) : Les entreprises à fort effet de levier peuvent ressentir le besoin de manipuler les bénéfices pour respecter les clauses restrictives assortissant leur dette. L’indice de levier examine le niveau d’endettement pour déterminer son incidence sur le M-Score.

Utiliser le M-Score pour prendre des décisions éclairées

L’analyse du M-Score des sociétés cotées en bourse permet aux investisseurs et aux entreprises de prendre des décisions plus éclairées et, éventuellement, d’atténuer les conséquences dommageables de la manipulation de l’information financière. Toutefois, il est essentiel de noter que le M-score doit être utilisé de pair avec d’autres méthodes d’analyse financière et qu’il ne doit pas être considéré comme le seul facteur déterminant.

Auteur(e)

  • W. Christopher Kovalchuk, MBA
    Chris a commencé sa carrière professionnelle en 2016, en tant qu’analyste financier, dans le secteur du crédit / prêt de technologie financière. Il a obtenu son MBA, à temps partiel, de l’Université Concordia en 2019. Chris est membre de Claret depuis 2018 dans le domaine du trading et de la recherche et a récemment occupé le poste de gestionnaire de portefeuille associé.

Votre argent compte.

Inscrivez-vous à notre liste d’envoi pour savoir quand nous publions de nouvelles informations.